La double vie épuisante de celle qui cherche à plaire
Pendant des années, j’ai vécu une double vie. Il y avait le vrai moi, avec mes envies, mes opinions, mes goûts. Mais en réalité, il y avait cette version édulcorée que je montrais aux autres, par peur d’être jugé. Cette mascarade quotidienne m’épuisait littéralement.
Vous connaissez ce moment ? Vous voulez porter vêtement un peu original, donner votre avis en réunion, ou simplement poster une photo qui vous plaît… Tout à coup, cette voix glaciale vous paralyse : « Mais qu’est-ce qu’on va penser de moi ? »
Cette petite voix a été la cheffe d’orchestre de ma vie pendant bien trop longtemps. Elle dictait mes choix, mes mots, mes silences. Résultat ? Un gouffre énorme entre qui j’étais vraiment et l’image que je projetais.
Le coût invisible de la validation externe
Cet effort constant pour satisfaire des attentes (souvent purement imaginaires) crée un épuisement mental et physique incroyable. J’en étais arrivé à un point où je ne savais même plus ce que moi, je voulais.
- Refuser une invitation pour éviter d’être « celui qui ne sait pas danser »
- Me taire en réunion de peur de dire une bêtise
- Annuler mes projets par crainte du ridicule
La peur du rejet était devenue comme un prison invisible. Et les barreaux étaient terriblement solides.
Le déclic : quand l’épuisement devient plus fort que la peur
Un jour, j’ai fait le calcul. Toute l’énergie que je brûlais à anticiper les opinions des autres, c’était de l’énergie que je ne mettais pas dans mes projets, dans mes relations, dans ma propre vie. Un gâchis monumental.
C’est là que j’ai décidé de changer les règles du jeu. Plutôt qu’une transformation radicale du jour au lendemain, j’ai décidé de mener une petite expérience.
Mon objectif : tester pendant plusieurs semaines trois habitudes simples mais efficaces pour reprendre le contrôle et faire taire cette voix paralysante.
Voici exactement ce que j’ai fait, comment je l’ai appliqué au quotidien, et les résultats que j’ai obtenus.
Habitude n°1 : la thérapie de l’inconfort volontaire

Le principe
La première habitude est peut-être la plus challengeante au début. Je l’appelle la « thérapie de l’inconfort volontaire ».
Le concept : s’exposer volontairement, petit à petit, à des situations qui nous rendent nerveus à cause du regard des autres.
C’est inspiré des thérapies comportementales. Notre cerveau est programmé pour nous protéger : il associe le jugement à un danger, un risque d’être exclu du groupe. Pour lui prouver que ce danger est souvent une illusion, il faut lui apporter des preuves concrètes.
Comment je l’ai appliquée
J’ai commencé vraiment tout petit. Au départ, mon premier mini-défi semblait ridicule, mais mon cœur battait la chamade.
Mes mini-défis progressifs
Semaine 1 : demander l’heure à un inconnu dans la rue
- Mon angoisse : 8/10
- La réalité : la personne m’a répondu gentiment et a continué son chemin
- Ma découverte : le monde ne s’est pas arrêté de tourner
Semaine 2 : faire un compliment sincère à une commerçante
- Mon angoisse : 7/10
- La réalité : un grand sourire et un « merci, ça fait super plaisir ! »
- Ma découverte : la plupart des gens apprécient la connexion humaine
Semaine 3 : porter un chapeau en public
- Mon angoisse : 9/10
- Finalement, la réalité s’est résumée à quelques regards neutres, mais surtout… de l’indifférence.
- Ma découverte : la plupart des gens sont trop occupés par leur propre vie pour juger la mienne
Pourtant, en marchant dans la rue avec ce chapeau que j’aimais porter mais que je n’osais jamais sortir, je me sentais hyper vulnérable. Je scannais la moindre réaction. C’est ainsi qu’au bout de dix minutes, j’ai réalisé quelque chose de fondamental :
Personne ne me regardait vraiment. Les quelques regards croisés étaient neutres, indifférents. Chacun restait dans sa bulle.
Les résultats concrets
Chacune de ces petites victoires était comme un dépôt sur mon « compte en banque de confiance en moi ».
Ce que j’ai compris :
- 99% de mes scénarios catastrophes n’existaient que dans ma tête
- L’anticipation (la peur avant) était mille fois pire que la situation elle-même
- Au fond, de l’autre côté de la peur, il n’y a souvent… rien. Juste la vie qui continue.
Cette habitude a complètement brisé mon cercle vicieux de l’évitement. En affrontant l’inconfort par petites doses, j’ai appris à le gérer. C’était la première fissure dans les murs de ma prison.
Habitude n°2 : devenir son propre allié (l’autocompassion)

Le principe
Maintenant que j’agissais différemment à l’extérieur, il était temps de m’occuper du chantier à l’intérieur : le dialogue intérieur.
La deuxième habitude, c’est l’autocompassion. Si la peur du jugement des autres est si forte, c’est souvent parce qu’elle fait écho à notre propre critique intérieur, ce juge impitoyable qu’on a tous dans la tête.
Pratiquer l’autocompassion : apprendre à se parler à soi-même comme on parlerait à une amie qui traverse une galère.
Comment je l’ai appliquée
J’ai lancé un exercice de « recadrage » mental. En effet, dès que je me chopais en train de m’autocritiquer après une interaction, je faisais une pause. Consciemment.
Mon protocole de recadrage
Étape 1 : identifier la voix du juge intérieur
- Exemple : « J’ai été ridicule de dire ça », « Ils ont dû me trouver bête »
Étape 2 : répondre avec bienveillance
- Nouvelle réponse : « Mon opinion a de la valeur. C’était important pour moi de le dire, et j’ai eu le courage de le faire. C’est ça qui compte. »
Au début, ça semblait super mécanique, un peu forcé. Malgré tout, j’ai tenu bon.
Mon carnet de bienveillance
Désormais, chaque soir, plutôt que de ruminer mes prétendus « échecs » de la journée, je notais :
- Une chose que j’avais bien faite
- Une interaction dont j’étais fier
- Un moment où j’avais été indulgent avec moi
Cet exercice m’a forcé à changer mon focus, à chercher activement le positif et à reconnaître mes propres efforts.
Les résultats concrets
L’effet le plus dingue ? Le critique intérieur n’a pas disparu. Il est toujours là de temps en temps. Néanmoins, il n’a plus le dernier mot.
| Avant | Après |
|---|---|
| Le critique était le metteur en scène | C’est devenu un simple bruit de fond |
| Je cherchais la validation externe | Je pratique l’auto-validation |
| Je m’enfonçais après chaque erreur | Je suis mon propre filet de sécurité émotionnel |
En me traitant avec plus de gentillesse, j’ai commencé à moins dépendre de celle des autres. Aujourd’hui, si je fais une erreur, si quelqu’un me juge, je sais que je ne vais pas m’enfoncer moi-même derrière. Je sais que je peux compter sur moi pour être de mon côté.
Cette sécurité intérieure change tout.
Habitude n°3 : naviguer avec sa boussole intérieure (ses valeurs)

Le principe
La troisième habitude vient lier tout le reste. C’est le moment où on passe de « ne plus avoir peur des autres » à « savoir pourquoi on agit ».
Je l’appelle l’habitude de la « boussole intérieure ». Ça consiste à définir clairement ses valeurs personnelles et à s’en servir comme guide pour prendre des décisions.
Le secret : quand on sait ce qui est vraiment important pour soi, l’opinion des autres devient beaucoup moins pertinente.
Comment je l’ai appliquée
L’exercice a été plus introspectif. J’ai pris une feuille et j’ai listé des dizaines de valeurs possibles.
Mon exercice de clarification
Étape 1 : lister toutes les valeurs possibles
- Authenticité, créativité, sécurité, aventure, connexion, liberté, générosité, croissance, indépendance, famille, réussite, équilibre…
Étape 2 : surligner celles qui me parlent vraiment
Étape 3 : condenser en 3 valeurs fondamentales
Mes 3 valeurs finales :
-
Authenticité – car être vrai, même si cela dérange, reste essentiel.
-
Courage – parce qu’oser malgré la peur ouvre toujours de nouvelles portes.
-
Apprentissage – puisque chaque expérience devient une occasion de grandir.
Ma nouvelle question décisionnelle
Avant chaque décision où je sentais la peur du jugement monter, j’ai remplacé la question paralysante par une nouvelle :
❌ Ancienne question : « Qu’est-ce qu’ils vont penser ? »
✅ Nouvelle question : « Quelle action est la plus alignée avec mes valeurs d’authenticité, de courage et d’apprentissage ? »
Un exemple concret au travail
On m’a proposé de gérer un projet prestigieux, mais qui ne m’intéressait pas du tout et qui allait à l’encontre de mon équilibre de vie.
Mon ancien moi : aurait accepté sans une seconde d’hésitation, par peur de passer pour un fainéant ou quelqu’un de pas assez ambitieux.
Mon nouveau moi : a sorti sa boussole.
- Authenticité : accepter serait-il authentique ? Non.
- Courage : pour moi, le courage c’était de dire non et d’expliquer pourquoi, malgré la pression.
- Apprentissage : est-ce que ça servait mon apprentissage dans les domaines qui comptent pour moi ? Pas vraiment.
J’ai refusé. J’ai expliqué calmement et honnêtement que mes priorités étaient ailleurs.
C’était terrifiant sur le moment. Mais le sentiment juste après n’était pas de la peur. C’était un profond sentiment d’intégrité, d’être alignée.
Les résultats concrets
Vivre selon ses valeurs, c’est la forme ultime de l’affirmation de soi. Ça donne une direction et un sens à nos actions qui dépassent l’approbation des autres.
Le changement majeur :
- Je n’agis plus pour éviter un jugement
- J’agis pour me rapprocher de la personne que je veux être
Le regard des autres est toujours là, mais il n’est plus le phare qui guide mon bateau. Ma boussole intérieure est bien plus fiable.
Ma transformation : avant/après
Avant : je n’aurais jamais, au grand jamais, osé lancer une chaîne YouTube. La peur d’être jugé, critiqué, moqué… elle m’aurait paralysé avant même d’écrire le premier mot.
Aujourd’hui : non seulement je le fais, mais je ressens une liberté et une légèreté que je n’avais pas connues depuis des années.
Est-ce que la peur a totalement disparu ?
Non, bien sûr que non. Le jugement des autres fait partie de la vie.
Mais la différence, c’est qu’il ne dicte plus ma conduite.
C’est la différence entre être en prison et avoir simplement des murs autour de son jardin. Je choisis maintenant quand j’ouvre la porte, et à qui.
Récapitulatif : les 3 habitudes qui changent tout
| Habitude | Principe | Action concrète |
|---|---|---|
| 1. Thérapie de l’inconfort volontaire | Prouver à son cerveau que le jugement n’est pas un danger mortel | Commencer par un mini-défi (demander l’heure, faire un compliment, porter une tenue différente) |
| 2. L’autocompassion | Devenir sa propre meilleure amie au lieu de sa pire critique | Pratiquer le recadrage mental et tenir un carnet de bienveillance |
| 3. La boussole des valeurs | Guider ses choix avec ses propres principes, pas avec les attentes des autres | Définir ses 3 valeurs fondamentales et les utiliser pour décider |
Votre premier pas dès demain
Se libérer du regard des autres, ce n’est pas un but qu’on atteint d’un coup. C’est une pratique quotidienne. C’est comme un muscle : plus on l’entraîne, plus il se renforce.
Le simple fait de commencer par une seule de ces habitudes, même par la plus petite action possible, peut créer le déclic dont vous avez besoin.
Votre challenge pour cette semaine
Choisissez une habitude parmi les trois et testez-la pendant 7 jours :
Option 1 (inconfort volontaire) :
- Demandez l’heure à un inconnu
- Faites un compliment sincère à quelqu’un
- Portez un vêtement que vous adorez mais que vous n’osiez pas mettre
Option 2 (autocompassion) :
- Notez chaque soir une chose dont vous êtes fière
- Remplacez une autocritique par une phrase bienveillante
- Parlez-vous comme vous parleriez à votre meilleure amie
Option 3 (boussole des valeurs) :
- Identifiez vos 3 valeurs fondamentales
- Prenez une décision en fonction de vos valeurs, pas du jugement
- Dites « non » à quelque chose qui ne vous correspond pas
Pour aller plus loin
Rappelez-vous ceci : votre valeur n’est pas négociable. Elle n’est certainement pas déterminée par le regard des autres. Vous avez le droit d’être vous-même, pleinement, sans vous excuser.
Les angoisses liées au jugement sont réelles, épuisantes, mais elles ne sont pas une fatalité. Avec ces trois habitudes, vous pouvez commencer à reprendre le contrôle, un petit pas à la fois.
Et si ces petits pas vous semblent encore trop grands aujourd’hui ? C’est normal. Allez-y à votre rythme. La seule chose qui compte, c’est de commencer.
Vous méritez de vivre libre. Vraiment libre.
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